• Le sujet de cet essai cosigné par la chroniqueuse Natacha Polony est l’état de notre démocratie, qui devient peu à peu un « soft totalitarisme », une dictature molle où les gouvernements n’ont plus de pouvoirs, face à la puissance des multinationales qui nous achètent par des verroteries technologiques bon marché, face à l’abaissement organisé du niveau d’éducation des masses, face à la montée de la domination des minorités bruyantes contre l’intérêt collectif commun au nom d’une prétendue « justice » sociale, raciale ou religieuse.

    Le début de l’ouvrage traite surtout de l’éducation, et de la façon dont les pays comme la France l’ont sabordée par des réformes douteuses importées des pays anglo-saxons, privilégiant des « compétences » fumeuses (suffisantes pour une main d’œuvre future bon marché et docile) à de solides savoirs qui permettaient à la classe moyenne de monter dans la hiérarchie sociale ou de jouer pleinement son rôle de citoyen.

    Le milieu du livre explique la mainmise de la finance sur l’économie et la gouvernance mondiale, à travers la politique menée par les Etats-Unis (le dollar monnaie étalon, l’émergence de grands groupes numériques contrôlant les données mondiales sans le moindre scrupule, la diminution de l’importance de l’industrie de production, au profit d’une économie spéculative basée sur la finance, le rôle du FMI et des Banques Centrales dans la mise au pli des gouvernements réticents à cette domination, etc…)

    La dernière partie insiste sur la disparition de l’unité nationale, au profit d’une multitude d’intérêts particuliers et communautaristes, qui affaiblit des Etats comme la France, et empêchent toute politique volontariste sortant du moule international.


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  • (Révélations sur la fraude fiscale du siècle)

    Les journalistes du Monde ayant mis à jour en 2015 l’affaire retentissante connue désormais sous le nom de « Swissleaks » sur les évadés fiscaux français et internationaux de la banque HSBC, ils ont ensuite écrit ce compte-rendu passionnant de leur enquête, qui se lit comme un roman tellement les événements en sont incroyables.

    La clef


     

    L’histoire commence avec la « trahison » de l’informaticien Hervé Falciani, qui, après avoir vainement essayé de négocier une liste confidentielle volée des clients de la filiale suisse, la propose à la justice française incrédule… Les policiers et les enquêteurs des Impôts découvrent alors une quantité de noms connus, et des sommes faramineuses dissimulées au fisc avec l’active complicité de la banque (6 milliards d’euros rien que pour la France, 180 milliards au total !). Malgré les nombreuses tentatives et interventions politiques pour que l’affaire soit étouffée, ils tiennent bon et lancent l’enquête en menaçant de tout déballer sur la place publique.

    Dans un second temps, une autre source prend contact avec les journalistes du Monde, et leur propose un listing encore plus complet. Craignant pour leur sécurité et incapables de gérer une telle masse d’information, ils vont décider de prendre contact avec une association internationale pour s’unir avec des dizaines d’autres organismes de presse, afin d’assurer une couverture mondiale à leurs révélations. Après des mois d’enquêtes, de vérifications, de recoupements, de demandes d’interviews à des clients affolés ou menaçants, ils vont publier ce qui restera un des plus gros scandales financiers que le monde ait jamais connu !


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  • Dix universitaires sont conviés dans un hôtel suisse isolé, afin de déterminer lequel d’entre eux se verra décerner le poste prestigieux de Maitre es-Holmésologie à la Sorbonne, récompensant le plus acharné connaisseur des exploits du grand Sherlock Holmes. Malheureusement, suite à une avalanche, les dix génies timbrés sont retrouvés dans la chambre froide de l’hôtel, tous morts. Suivant les notes d’une journaliste infiltrée dans le colloque, les enquêteurs tentent de comprendre la disparition plutôt louche de ces personnages… Un tueur s’était-il glissé parmi eux ? Et si oui, pourquoi n’y a –t-il aucun survivant ?


     

    Mon avis :

    Une parodie remarquable des œuvres de Conan Doyle, qui se moque allègrement du mythe, tout en étalant une remarquable érudition sur le sujet. Les personnages, caricaturaux à l’extrême, les dialogues ciselés au scalpel et les situations les plus loufoques font de ce roman un excellent divertissement, avec une fin diabolique qui plus est !


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  • Lectures : L’Ile des Morts (Zelazny)

    32è siècle… Le héros, Francis Sandow, est le plus ancien homme vivant à cause de ses voyages spatiaux, des progrès de la science, et surtout de son accession à une semi-divinité. L’humanité a essaimé dans les étoiles, et cohabite avec une quinzaine d’autres races intelligentes. Chez l’une d’elles, les Pei’iens, Francis Sandow a été investi des pouvoirs d’un des Dieux du panthéon Pei’ien, Shimbo, en devenant une sorte d’Avatar de ce dernier. Il a ensuite utilisé ses pouvoirs pour créer des mondes à la demande, acquérir gloire et fortune et puis s’est retiré sur son monde personnel… Mais un jour, il se met à recevoir des portraits récents de ses proches décédés, amis, amantes ou ennemis jurés…

    Quelqu’un aurait-il pu les ressusciter ? Et dans quel but, sinon d’attirer Francis hors de sa paisible tanière pour des desseins peu avouables ? Méfiant, Sandow va cependant accepter le défi et se rendre dans l’Ile des Morts, ce monde qu'il avait créé autrefois et dont un ennemi semble avoir pris possession…

    Mon avis :

    Ancêtre du cycle des « Princes d’Ambre », on retrouve dans ce récit les mêmes préoccupations mythologiques de l’auteur, tout comme son style d’écriture de grande qualité, et l’on suit avec grand plaisir les aventures du héros, accompagnées des réflexions douces-amères qu'il est amenées à faire sur sa vie, ses échecs et ses succès. Ces doutes nous permettent de nous identifier à lui sans problème, lorsqu’on comprend qu’obtenir des pouvoirs quasi divins ne l’empêche pas de connaître les mêmes incertitudes que n’importe qui, amplifiés par la durée de son existence et tous ses regrets passés.

    En résumé, une lecture agréable, intéressante, poursuivie éventuellement par d’autres récits faisant intervenir Francis Sandow : « Le Sérum de la Déesse Bleue » et la nouvelle « Lugubre Lumière ».

     

     

     


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  • Lectures : l’Empire de l’Atome

    Dans un futur lointain, notre civilisation  n‘est plus qu'’un lointain souvenir. Suite à une guerre ou à un cataclysme terrifiant, l’humanité a régressé et le souvenir de la plupart des progrès ont été perdus. Elle continue cependant à utiliser des objets quasi magiques venus du passé, comme des astronefs qui lui permettent de coloniser les planètes du système solaire, mais se bat avec des arcs, des flèches et des glaives dignes de l’Antiquité. Les « savants » de la religion des Dieux Atomes règnent avec jalousie sur ces restes de savoir.

    C’est dans ce décor que va naitre un mutant difforme, petit-fils de l’Empereur de la Terre. Sauvé de justesse, il va grandir dans la Cour impériale et devoir affronter les intrigues du Palais, survivre aux complots incessants et finalement affronter ses adversaires candidats à la prise du pouvoir, puis les envahisseurs venus de l’espace…

    Mon avis :

    Un classique de la SF des années 50, qui a bien vieilli, mais qui reste agréable à lire et se termine (trop) rapidement. Le thème de la civilisation a été repris des quantités de fois depuis, mais à l’époque c’était une idée remarquable et qui a connu un grand succès …

     

     

    Et puis…

    Le Sorcier de Linn

    Suite direct du premier opus, ce 2e tome raconte l’invasion de la Terre menée par la lointaine race des Riss, et la contre-attaque dirigée par Clane le Mutant, malgré les jalousies et les oppositions qui menacent ce qui reste d’Empire.


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  • Jacques Sadoul, éditeur français décédé en 2013 et passionné de SF, a sorti en 1973 un historique du genre, qui reste encore aujourd’hui une Bible pour ceux qui veulent revivre l’évolution de cette littérature. J’ai lu la première partie, celle qui s’intéresse aux auteurs américains (une seconde partie s’intéressant aux auteurs français et européens) : cela m’a permis de découvrir ou redécouvrir toutes les oeuvres marquantes, des précurseurs jusqu’à l’année 73 (rien de récent, dommage, il n’existe pas beaucoup d’équivalents qui comprendraient la période actuelle).

    Remontant rapidement aux sources du fantastique et de la SF proprement dite (Jules Verne, Edgar Allan Poe et quelques autres précurseurs), on découvre surtout les âges d’or du pulp de « scientifiction », puis du fanzine, qui, d’abord littérature populaire à deux sous, fait preuve  progressivement d’une exigence et d’une qualité croissantes, jusqu’à se fondre et être « acceptée » dans la littérature générale et donner naissance à des oeuvres majeures universelles : pour n’en citer que quelques-unes : Dune, Fondation, le Seigneur des Anneaux, 1984, etc…

    Mon avis :

    Un livre passionnant pour les curieux du genre, qui explique les modes et les courants qui l’ont traversé en fonction des grands événements de l’époque.

     


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